Guillaume Meurice, déguisé en Marianne, s'invite au meeting de Nicolas Sarkozy

Dimanche dernier, place de la Concorde, avait lieu le meeting de Nicolas Sarkozy. 100 000 personnes  étaient attendues, sauf peut-être Guillaume Meurice , arborant le costume de notre Marianne nationale. Pour preuve: des réactions assez véhémentes n’ont pas tardé à se faire sentir. Fais-moi rire a rencontré l'auteur de la vidéo buzz de cette période électorale. Interview de Guillaume Meurice:

Marianne malmenée au meeting de Nicolas Sarkozy

Fais-moi rire: Dimanche 15 avril, place de la Concorde: tu es arrivé au meeting de Nicolas Sarkozy déguisé en Marianne avec une pancarte indiquant d’un côté « J’ai mal au cul » et de l’autre « femme battue depuis 5 ans ». Qu’avais-tu en tête en faisant cette démarche.  Quelles réactions attendais-tu ?

Guillaume Meurice: Cette action s’inscrit dans le cadre d’une démarche artistique plus large. Marianne, symbole de notre République, est un des personnages de mon spectacle. Dans le sketch que j’interprète sur scène, elle se morfond de l’expulsion de son amoureux sans-papiers. Une manière pour moi d’évoquer la politique abjecte d’un gouvernement qui traque des hommes, des femmes, et même des enfants jusque dans leur école, pour les expulser dans un pays qui n’est pas le « leur », comme il l’est souvent mentionné, mais bel et bien une terre qu’ils ne connaissent pas et dont il n’ont plus ou pas d’attache.

Ajouté à cela toutes les mesures et les affaires que l’on connait : cadeaux fiscaux aux plus nantis, Karachi, Woerth, scooter de Jean Sarkozy, j’en passe, et des meilleures !!
Ainsi, je considère que Marianne, symbole de notre République, à été maltraitée durant 5 ans par celui que les citoyennes et les citoyens ont choisi comme président. En cela j’entends que les valeurs que la République est censée incarner ont été bafouées. « Liberté, égalité, fraternité mon cul » comme le dit le poète !
De plus, le principe de caméra cachée est une forme que j’affectionne car les attitudes changent lorsque quelqu’un se sait filmé. Ainsi, ce dispositif permet d’être plus proche de la réalité. Honnêtement et en toute naïveté, je m’attendais éventuellement à être chahuté mais en aucun cas à un tel déferlement de violence. Crédule, je pensais que tout le monde avait intégré le concept de liberté d’expression. Nous avons essuyé quelques coups, mon téméraire cameraman Maël et moi même, ainsi que bon nombre d’insultes à caractère homophobes. J’en profite pour le saluer et le remercier ainsi qu’Émilie, mon autre courageuse complice camera-woman présente à mes côtés.

FMR: Les partisans de la « France Forte » présents ce jour-là ont eu une réaction assez violente tant sur les propos que sur les gestes comme tu viens de nous le raconter. Tu as finalement été prié de quitter les lieux. Avais-tu dans l’idée de te rapprocher davantage du président pour t’adresser directement à lui ou as-tu réalisé ce que tu avais en tête ?

GM: Non, je ne me faisais pas d’illusion sur le service de sécurité drastique qui entourerait la tribune à laquelle le futur ex-président devait s’exprimer. En ce sens, j’ai réalisé ce que j’avais en tête. À savoir, aller au meeting représenter Marianne munie de cette fameuse pancarte et voir ce qui se passe. Je n’ai pas été déçu !

FMR: Cette vidéo disponible sur Dailymotion, était hier en une et aujourd’hui le compteur approche les 100 000 vues. Comment comptes-tu utiliser cette soudaine notoriété? Quel sera ton message si différents médias t’offrent directement la possibilité de dire ce que tu as dire comme ici ?

GM: Je ne sais pas si on peut parler de notoriété. Tout va très vite sur Internet. Une vidéo chasse l’autre et l’actualité est avide de nouveauté. L’avenir nous en dira davantage.

Mon message est et restera porteur de ce que Michel Onfray nomme très justement « la micro résistance ». On ne peut pas, seul, changer la société, donc il convient à chacun de ne pas se résigner. « Sois le changement que tu veux pour le monde » disait Gandhi. J’essaye d’être fidèle à cette maxime.

FMR: Tu es un humoriste politiquement engagé. Est-ce ce désir de t’exprimer et de défendre tes convictions qui t’a poussé à faire de la scène? Ainsi ta carrière dans l’humour ne serait-elle pas un moyen détourné de faire de la politique? Ou à l’inverse, ce buzz est-il destiné à favoriser la promo de ton spectacle? Qui de l’humoriste ou du politique, à l’instar de l’œuf et de la poule ?

GM: « Engagé »: le mot est très certainement galvaudé. Je dirais que je suis un être humain « concerné » par ce qui se passe autour de moi.
De plus, je pense que prendre la parole en public est un acte responsabilisant.
À partir de là, j’essaye de traiter les sujets qui me semblent essentiels et l’humour me semble un bon moyen d’y parvenir. C’est également celui qui me semble le plus évident et par définition, le plus amusant.

Ainsi, je considère qu’un spectacle peut être un acte politique. Non dans le sens qu’il milite pour l’avènement de telle ou telle idéologie mais plutôt dans l’idée d’une tentative de prise de conscience. « Dire au monde qui il est », sans se prendre au sérieux.

En ce qui concerne la vidéo en question, je n’ai pas cherché à faire le « buzz ». J’ai juste cherché à faire une vidéo. Qu’elle ait rencontré un large public, je m’en réjouis, évidemment. J’en profite pour remercier ici Kevin Brotfeld qui a assuré le montage et le mixage final malgré des images très chaotiques.

FMR:  Ton spectacle, parlons-en: comment définirais-tu ton humour et à quel public s’adresse t-il ?

GM: C’est toujours délicat de définir un style. Surtout lorsque l’on est le principal concerné. Encore plus délicat et pas spécialement nécessaire de « cibler » un public. Disons qu’il s’adresse à toutes les personnes qui veulent découvrir ma perception de la société, traitée d’une manière humoristique et décalée.

FMR: Dans le dernier « billet » posté sur ton blog (www.guillaumemeurice.wordpress.com) tu encourages tes lecteurs à ne pas « voter blanc » malgré la tentation que cela représente pour certains. Et toi, que vas-tu voter dimanche ?

GM: Je voterai pour une autre couleur. Verte. D’abord, je vote pour un programme. Et celui d’Europe Écologie me parait le plus proche de mes convictions. Et puis, je suis assez admiratif d’Éva Joly. Elle n’est clairement pas la meilleure oratrice de l’Histoire mais elle fait face à tellement de réprobations, y compris venant de son propre camp, que sa persévérance et son courage ne sont pas pour me déplaire.

Enfin, à une période où le « tous pourris » refleuri, voilà une femme qui a été juge anticorruption pendant des années et que l’on peut difficilement soupçonner de manquer d’intégrité.

FMR: Pour conclure, peux-tu nous dire où et quand l’on peut te voir jouer ?

GM: Tous les mercredis à 21h30 au Théâtre de Dix Heures (36, boulevard de Clichy – Paris XVIIIème / M° Pigalle) jusqu’à fin juin. Et au mois de juillet au festival d’Avignon, tous les jours à 18h au Théâtre Carnot.
Au plaisir de vous y croiser !

Et merci à toi Marion pour ton invitation !

Propos recueillis par Marion  Ferré Defossé

Comments

[MARIE ET THIERRY]

Salut Guillaume,

Tu nous avais dit (après ton spectacle, au Balladin à Gap samedi soir),d'aller voir la vidéo... Les réactions sont surprenantes...Quand même,tu t'es fait brassé!

Nous saluons ton audace et celle de tes cameraman.

Nous allons visiter tes chroniques, autre exercice auquel tu te prêtes...

A bientôt,dans notre région quand tu veux!

thierry et marie